Depuis plusieurs années, la pension légale des indépendants fait l’objet de réformes profondes. En tant que courtier en assurances, nous accompagnons de nombreux indépendants et dirigeants d’entreprise dans leur réflexion autour de la pension complémentaire. Et force est de constater qu’en 2025, le paysage a été fortement chamboulé, notamment par la revalorisation progressive de la pension légale et l’impact qu’elle entraîne sur la fameuse règle des 80 %.

Une pension légale revue à la hausse… mais un effet pervers

Depuis le 1er janvier 2021, les indépendants bénéficient d’une meilleure reconnaissance de leurs droits à la pension. En effet, la suppression du coefficient d’harmonisation a permis d’aligner, pour les années prestées à partir de cette date, le calcul de leur pension sur celui des salariés. Concrètement, cela signifie que la pension légale est désormais calculée sur 50 % des revenus bruts, là où elle ne portait auparavant que sur 25 %.

Cela semble être une bonne nouvelle. Et sur le fond, nous le pensons aussi. Il est normal que les indépendants, qui contribuent activement à l’économie et prennent souvent de grands risques, bénéficient d’une pension légale plus juste.
Mais ce changement a eu une conséquence inattendue : en augmentant la pension légale estimée, on a réduit mécaniquement la marge disponible pour souscrire une pension complémentaire via un engagement individuel de pension (EIP), en raison de la règle des 80 %.

La règle des 80 % devient plus contraignante

La règle des 80 % stipule que la pension légale et la pension complémentaire ne peuvent, ensemble, dépasser 80 % de la rémunération annuelle brute du dirigeant d’entreprise. Autrement dit, si la pension légale augmente, l’espace fiscal permettant de cotiser via un EIP diminue d’autant.

Depuis la réforme de 2021 et surtout en 2025, avec l’accord du gouvernement « Arizona », ce calcul est devenu beaucoup plus strict. Il ne repose plus sur une estimation forfaitaire, mais bien sur les données concrètes de carrière et de revenus.
Résultat : de nombreux indépendants en société, surtout ceux qui se versent un revenu modéré, se retrouvent bloqués. Ils ne peuvent plus souscrire de nouvel EIP ou sont contraints de le limiter fortement sous peine de dépassement de la règle des 80 %.

Quelles sont alors les solutions encore envisageables en 2025 ?

Face à cette nouvelle donne, il est essentiel de repenser la stratégie de constitution de pension complémentaire. La Pension Libre Complémentaire pour Indépendants (PLCI) reste une solution de base incontournable.
Et bonne nouvelle : le plafond de la PLCI a été revalorisé, et il est désormais possible de verser jusqu’à 8,5 % du revenu net imposable (avec un maximum ajusté chaque année) contre 8,17% auparavant. Elle reste fiscalement avantageuse, accessible même aux indépendants à titre complémentaire à partir de 2026, et son rendement social est indéniable, notamment grâce à l’avantage en matière de cotisations sociales.

L’épargne-pension individuelle (3ᵉ pilier) constitue également une piste intéressante. Elle est ouverte à tous, indépendants ou non, avec un avantage fiscal à la clé, et reste utile même lorsque la voie de l’EIP est verrouillée.

Quant à l’EIP, il conserve ses atouts, notamment pour le financement de la résidence principale ou la constitution d’un capital à terme. Mais il faut désormais l’envisager avec prudence. Les simulations doivent être précises, les calculs affinés, et la règle des 80 % doit être respectée strictement. Il est important de rappeler que les capitaux trop importants sont désormais visés par des contributions de solidarité renforcées, dont la cotisation Wijninckx pour les montants dépassant 150 000 euros.

Enfin, pour les indépendants en personne physique, le CPTI (Convention de Pension pour Travailleur Indépendant) reste une alternative intéressante. Bien que moins souple que l’EIP, il permet une épargne supplémentaire encadrée et sécurisée.

En conclusion

L’intention de revaloriser la pension légale des indépendants allait dans le bon sens, mais elle a aussi profondément changé les équilibres.
Le recours classique à l’EIP est devenu bien plus difficile, voire impossible pour certains profils. Cela ne signifie pas qu’il faut renoncer à se constituer un complément de pension, mais bien qu’il faut revoir sa stratégie.

Nous sommes là pour accompagner chaque indépendant dans cette réflexion. Analyser ensemble votre revenu, vos droits à la pension légale, vos objectifs de retraite et les options disponibles. En combinant intelligemment une PLCI renforcée, une épargne-pension individuelle, un CPTI ou un EIP bien calibré, il est toujours possible de bâtir un bas de laine solide pour demain.

La pension ne doit plus être une fatalité, mais une stratégie à part entière. Parlons-en.